Dans un contexte de quasi-absence de forêts primaires en Europe, les forêts non-exploitées constituent un état de référence pour la gestion forestière et la biodiversité. Or, à l'échelle européenne, l'effet de la mise en réserve sur la richesse spécifique est contrasté selon les taxons étudiés et dépend de l'ancienneté de l'arrêt de l'exploitation forestière. En France, cet effet reste mal connu. Le projet "Gestion, Naturalité et Biodiversité forestières" (GNB, https://gnb.cemagref.fr/, coordonné par F. Gosselin et Y. Paillet; en partenariat avec l'ONF et RNF) vise à quantifier la réponse de la biodiversité de sept groupes taxinomiques à l'exploitation forestière, en comparant leurs communautés dans des peuplements exploités et des peuplements en évolution naturelle, sur un nombre répété de massifs forestiers. Les Coléoptères carabiques ont d'ores et déjà été échantillonnés sur 52 placettes, équitablement réparties entre réserves intégrales et peuplements exploités, sur trois massifs forestiers : Fontainebleau (77), Auberive-Chalmessin (52), et Ventron (68). Les premiers résultats montrent que l'effet de l'exploitation forestière sur la richesse spécifique des groupes écologiques d'espèces dépend du massif forestier. Sur les massifs d'Auberive et du Ventron, la richesse en espèces spécialistes forestières est plus élevée dans les réserves que dans les peuplements exploités. On observe le résultat opposé pour la richesse en espèces généralistes sur le massif de Fontainebleau. Pour les Coléoptères saproxyliques, les résultats préliminaires sur les 21 placettes du massif de Fontainebleau montrent que la richesse spécifique totale ne diffère pas significativement selon l'exploitation forestière. Dans les années à venir, l'étude devrait être étendue à d'autres massifs forestiers de plaine et de montagne contenant une partie en réserve (ONF ou RNF).